Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
125


lement d’Aix, c’est une espèce de bête dont on a parlé souvent sans la bien connaître, rigoriste par état, minutieux, crédule, entêté, vain, poltron, bavard et stupide par caractère ; tendu comme un oison dans sa contenance, grasseyant comme Polichinelle, communément efflanqué, long, mince et puant comme un cadavre… On dirait que toute la bile et la roideur de la magistrature du royaume aient choisi leur asile dans le temple de la Thémis provençale pour se répandre de là au besoin, chaque fois qu’une cour française a des remontrances à faire ou des citoyens à pendre. Mais M. de Fontanis enchérissait encore sur cette légère esquisse de ses compatriotes. Au-dessus de la taille grêle, et même un peu voûtée, que nous venons de peindre, on apercevait chez M. de Fontanis un occiput étroit, peu bas, fort élevé par le haut, décoré d’un front jaune que couvrait magistralement une perruque à plusieurs circonstances, dont on n’avait point encore vu de modèle à Paris ; deux jambes un peu torses soutenaient avec assez d’appareil cet ambulant clocher, de la poitrine duquel s’exhalait, non sans quelques inconvénients pour les voisins, une voix glapissante, débitant avec emphase de longs compliments moitié français, moitié provençaux, dont il ne