chambres et dans tous les corridors du château…
Un frémissement universel s’empare de lui, il se
cramponne sur sa chaise, à peine ose-t-il lever
les yeux. Insensé que je suis, s’écrie-t-il, est-ce
donc à moi, est-ce donc à un membre du parlement
d’Aix à se battre contre des esprits ?
ô esprits, qu’y eut-il jamais de commun entre le
parlement d’Aix et vous ? Cependant le bruit
redouble, les portes des deux tours s’enfoncent,
d’effrayantes figures pénètrent dans la chambre…
Fontanis se jette à genoux, il implore sa grâce,
il demande la vie : Scélérat, lui dit un de ces
fantômes d’une voix effrayante, la pitié fut-elle
connue de ton cœur quand tu condamnas injustement
tant de malheureux, leur effroyable sort
te touchait-il, en étais-tu moins vain, moins
orgueilleux, moins gourmand, moins crapuleux
le jour où tes arrêts injustes plongeaient dans
l’infortune ou dans le tombeau les victimes de
ton rigorisme imbécile, et d’où naissait en toi
cette dangereuse impunité de ta puissance instantanée,
de cette force illusoire qu’assure un
moment l’opinion et que détruit aussitôt la philosophie ?…
Souffre que nous agissions dans les
mêmes principes, et soumets-toi puisque tu es le
plus faible. À ces mots, quatre de ces esprits
physiques s’emparent vigoureusement de Fon-
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX