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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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tanis, et le mettent en un instant nu comme la main, sans en tirer autre chose que des pleurs, des cris et une sueur fétide qui le couvrait des pieds à la tête. — Qu’en ferons-nous maintenant, dit l’un d’eux. — Attends, répondit celui qui avait l’air du chef, j’ai ici la liste des quatre principaux meurtres qu’il a commis juridiquement, lisons-la lui.

En 1750, il condamna à la roue un malheureux qui n’avait jamais eu d’autre tort que de lui avoir refusé sa fille dont le scélérat voulait abuser.

En 1754, il proposa à un homme de lui sauver la vie pour deux mille écus ; celui-ci ne les pouvant donner, il le fit pendre.

En 1760, sachant qu’un homme de sa ville avait tenu quelque propos sur son compte, il le condamna au feu l’année d’après comme sodomite, quoique ce malheureux eût une femme et une troupe d’enfants, toutes choses démentant son crime.

En 1772, un jeune homme de distinction de la province ayant voulu par une vengeance badine étriller une courtisane qui lui avait fait un mauvais présent, cet indigne butor fit de cette plaisanterie une affaire criminelle, il traita la chose de meurtre, d’empoisonnement, entraîna tous ses confrères à cette ridicule opinion, perdit le