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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/203

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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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dont le sang jaillit de toutes parts. En voilà assez, dit le chef, je l’ai dit, donnons-lui l’exemple de la pitié et de la bienfaisance ; si le coquin nous tenait, il nous ferait écarteler ; nous en sommes les maîtres, tenons-l’en quitte pour cette correction fraternelle et qu’il apprenne à notre école que ce n’est pas toujours en assassinant les hommes qu’on parvient à les rendre meilleurs ; il n’a eu que cinq cents coups de fouet, et je parie contre qui voudra que le voilà revenu de ses injustices et qu’il va faire à l’avenir un des magistrats le plus intègre de sa compagnie : qu’on le dégage et continuons nos opérations.

Ouf, s’écria le président dès qu’il vit ses bourreaux partis, je vois bien que si nous portons le flambeau sur les actions d’autrui, si nous cherchons à les développer pour avoir le charme de les punir, je vois bien qu’on nous le rend aussitôt ; et qui donc a pu dire à ces gens-là tout ce que j’ai fait, comment est-il qu’ils soient si bien instruits de ma conduite ? Quoi qu’il en soit, Fontanis se rajuste comme il peut, mais à peine avait-il remis son habit qu’il entend des cris épouvantables du côté par où les revenants étaient sortis de sa chambre ; il prête l’oreille, il reconnaît la voix du marquis qui l’appelle de toute sa force au secours.