Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
187


ancien émouvait l’aréopage en découvrant aux yeux de la cour la gorge superbe de la beauté pour laquelle il plaidait, que votre Démosthène découvre ces intéressantes fesses à l’instant le plus pathétique du plaidoyer, qu’elles attendrissent l’auditoire ; rappelez surtout aux juges de Paris devant lesquels vous allez être obligé de comparaître, cette aventure fameuse de 1769, où leur cœur bien plus ému de compassion pour le derrière flagellé d’une raccrocheuse que pour le peuple dont ils se disent les pères et qu’ils laissent pourtant mourir de faim, les détermina à faire un procès criminel à un jeune militaire qui revenant de sacrifier ses plus belles années au service de son prince, ne trouva d’autres lauriers au retour que l’humiliation préparée par la main des plus grands ennemis de cette patrie qu’il venait de défendre… Allons, cher camarade d’infortune, pressons-nous, partons, il n’y a point de sûreté pour nous dans ce maudit château, courons à la vengeance, volons implorer l’équité des protecteurs de l’ordre public, des défenseurs de l’opprimé et des colonnes de l’État. — Je ne peux pas me soutenir, dit le président, et dussent ces maudits coquins me peler comme une pomme encore une fois, je vous prie de me faire donner un lit, et de m’y laisser tranquille au moins vingt-