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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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comme vous l’avez fait avec les malheureux qu’il vous a plu d’immoler à votre pédantisme ; apprenez-le, mon cher président, il n’est pas plus permis à un corps qu’à un particulier d’outrager un citoyen honnête et tranquille, et si ce corps s’avise d’une pareille inconséquence, qu’il ne s’étonne pas de voir toutes les voix s’élever contre lui, et réclamer les droits du faible et de la vertu contre le despotisme et l’iniquité.

Le président ne pouvant ni soutenir ces inculpations ni y répondre, se leva de table comme un furieux en jurant qu’il allait quitter la maison ; après le spectacle d’un robin amoureux, il n’y en a point de risible comme un robin en colère, les muscles de son visage naturellement arrangés par l’hypocrisie, obligés de passer subitement de là aux contorsions de la rage, n’y arrivent que par des gradations violentes dont la marche est comique à voir ; quand on se fut bien amusé de son petit dépit, comme on n’en était pas encore à la scène qui devait à ce qu’on espérait, en débarrasser pour toujours, on travailla à le calmer, on courut à lui, et on le ramena ; oubliant assez facilement le soir tous les petits tourments du matin, Fontanis reprit son air ordinaire et tout s’oublia.

Mlle  de Téroze allait mieux, quoique toujours