ment que je l’ai eue, c’est-à-dire trois jours,
comme on a cela. Assurément s’il y a un mari
cocu, on peut bien dire que c’est ce pauvre
Raneville. — Et le connaissez-vous lui ? — Non
pas autrement, c’est un mauvais sujet qui se
ruine à Paris, dit-on, avec des filles et des débauchés
comme lui. — Je ne vous en dirai rien, je
ne le connais pas, mais je plains les maris cocus,
vous ne l’êtes pas, vous, par hasard, monsieur ?
— Lequel voulez-vous dire des deux, est-ce cocu
ou mari ? — Mais l’un et l’autre, ces choses-là se
lient tellement aujourd’hui qu’il est en vérité
très difficile d’en faire la différence. — Je suis
marié, monsieur, j’ai eu le malheur d’épouser
une femme qui ne s’est point arrangée de moi ;
son caractère me convenant de même fort peu,
nous nous sommes séparés à l’amiable, elle a
désiré de venir partager à Paris la solitude d’une
de ses parentes religieuse au couvent de Sainte-Aure,
et elle habite cette maison, d’où elle me
donne de temps en temps de ses nouvelles, mais
je ne la vois point. — Est-elle dévote ? — Non,
je l’aimerais peut-être mieux. — Ah ! je vous
entends. Et vous n’avez pas même eu la curiosité
de vous informer de sa santé, dans le séjour
actuel que vos affaires vous contraignent à
faire maintenant à Paris ? — Non en vérité, je
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