meilleure compagnie du monde ; cependant
Lurcie enchantée de voir son tyran dans le lac,
s’égayait avec son cousin et décidée par désespoir
à renoncer enfin à une continence qui ne lui
avait jusque lors rapporté que des chagrins et que
des larmes, elle sablait avec lui le champagne en
l’accablant des plus tendres regards ; nos héroïnes
qui avaient des forces à prendre s’en donnaient
également de leur côté, et Bernac entraîné,
ne soupçonnant encore qu’une joie simple dans
de telles circonstances, ne se ménageait guère
plus que le reste de la société. Mais comme il ne
fallait pourtant pas perdre la raison, d’Aldour
interrompt à temps et propose d’aller prendre le
café. — Parbleu, mon cousin, dit-il dès qu’il
est pris, daignez venir visiter ma maison, je sais
que vous êtes un homme de goût, je l’ai achetée
et meublée exprès pour mon mariage, mais je
crains d’avoir fait un mauvais marché, vous me
direz votre avis s’il vous plaît. — Volontiers, dit
Bernac, personne ne s’entend comme moi dans
ces choses-là, et je m’en vais vous estimer le
tout à dix louis près, je le parie. D’Aldour
s’élance sur l’escalier en donnant la main à sa
jolie cousine, on place Bernac au milieu des
quatre sœurs, et l’on s’introduit en cet ordre
dans un appartement très sombre et très écarté,
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L’ÉPOUX CORRIGÉ
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