querelle ; il eut sept enfants de cette femme, et
depuis quelque temps les agréments de son
épouse le retenaient beaucoup plus sédentaire,
il habitait communément avec sa famille ce château
où dans sa jeunesse, il avait fait l’horrible
vœu dont nous avons parlé, recevant des gens de
lettres, aimant à les cultiver et à les entretenir.
Cependant, à mesure qu’il approchait du terme
de soixante ans, se ressouvenant de son malheureux
pacte, ignorant si le diable se contenterait à
cette époque, ou de lui retirer ses dons, ou de lui
enlever la vie, son humeur changeait entièrement,
il devenait rêveur et triste, et ne sortait
presque plus de chez lui.
Au jour préfix, à l’heure juste où le baron prenait son âge de soixante ans, un valet lui annonce un inconnu qui, ayant entendu parler de ses talents, demande à avoir l’honneur de s’entretenir avec lui ; le baron qui ne réfléchissait pas dans cet instant à ce qui néanmoins l’occupait sans cesse depuis quelques années, dit qu’on fît entrer dans son cabinet. Il y monte et voit un étranger qui, à la façon de parler, lui paraît être de Paris, un homme bien vêtu, d’une fort belle figure, et qui se met sur le champ à raisonner avec lui sur les hautes sciences ; le baron répond à tout, la conversation s’engage. M. de Vaujour