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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/94

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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


sortir d’ici à l’instant. — Vous n’iriez que dans une cour à nous où vous seriez bientôt reprise, mon enfant, dit une de ces scélérates, en arrachant mes habits, ainsi croyez-moi, votre plus court est de vous laisser faire… Oh monsieur, épargnez-moi le reste de ces horribles détails, je fus mise nue en un instant, on intercepta mes cris par des précautions barbares, et je fus traînée vers l’homme indigne, qui se faisant un jeu de mes larmes et s’amusant de mes résistances, ne s’occupait qu’à s’assurer de la malheureuse victime dont il déchirait le cœur ; deux femmes ne cessèrent de me tenir et de me livrer à ce monstre, et maître de faire tout ce qu’il voulut, il n’éteignit pourtant les feux de sa coupable ardeur que par des attouchements et des baisers impurs, qui me laissèrent sans outrages…

On m’aida promptement à me rhabiller, et l’on me remit entre les mains de la Berceil, anéantie, confondue, livrée à une sorte de douleur sombre et amère qui glaçait mes larmes au fond de mon cœur ; je jetai des regards furieux sur cette femme… Mademoiselle, me dit-elle dans un trouble affreux, encore dans l’antichambre de cette funeste maison, je sens toute l’horreur que je viens de faire, mais je vous conjure de me la pardonner… et de réfléchir au