ner autour de Paris, & le quatrième jour de mon
voyage, je ne me trouvai qu’à Lieurſaint. Sachant
que cette route pouvait me conduire vers les provinces
méridionales, je réſolus alors de la ſuivre,
& de gagner ainſi, comme je le pourrais, ces pays
éloignés, m’imaginant que la paix & le repos ſi
cruellement refuſés pour moi dans ma patrie, m’attendaient
peut-être au bout de la France ; fatale
erreur ! que de chagrins il me reſtait à éprouver
encore.
Quelles que euſſent été mes peines juſques alors, au moins mon innocence me reſtait. Uniquement victime des attentats de quelques monſtres, à peu de choſe près néanmoins, je pouvais me croire encore dans la claſſe des filles honnêtes. Au fait, je n’avais été vraiment ſouillée que par un viol fait depuis cinq ans, dont les traces étaient refermées… un viol conſommé dans un inſtant où mes ſens engourdis ne m’avoient pas même laiſſé la faculté de le ſentir. Qu’avais-je d’ailleurs à me reprocher ? Rien, oh ! rien ſans doute ; & mon cœur était pur, j’en étais trop glorieuſe, ma préſomption devait être punie, & les outrages qui m’attendaient allaient devenir tels, qu’il ne me ſerait bientôt plus poſſible, quelque peu que j’y participaſſe, de former au fond de mon cœur les mêmes ſujets de conſolation.
J’avais toute ma fortune ſur moi cette fois-ci ; c’eſt-à-dire environ cent écus, ſomme réſultative