fouillé, brûlé, que cette retraite ne s’en découvrirait
pas davantage : c’eſt un pavillon iſolé, enterré,
que ſix murs d’une incroyable épaiſſeur environnent
de toutes parts, & vous y êtes, ma fille,
au milieu de quatre libertins, qui n’ont ſûrement
pas envie de vous épargner & que vos inſtances,
vos larmes, vos propos, vos génuflexions ou vos
cris n’enflammeront que davantage. À qui donc
aurez-vous recours ? Sera-ce à ce Dieu que vous
veniez implorer avec tant de zèle, & qui pour
vous récompenſer de cette ferveur, ne vous précipite
qu’un peu plus ſûrement dans le piége ? À
ce Dieu chimérique que nous outrageons nous-mêmes
ici chaque jour en inſultant à ſes vaines
loix ?… Vous le concevez donc, Théreſe, il n’eſt
aucun pouvoir, de quelque nature que vous puiſſiez
le ſuppoſer, qui puiſſe parvenir à vous arracher
de nos mains, & il n’y a ni dans la claſſe des
choſes poſſibles, ni dans celle des miracles, aucune
ſorte de moyen qui puiſſe réuſſir à vous faire conſerver
plus longtemps cette vertu dont vous êtes
ſi fiere ; qui puiſſe enfin vous empêcher de devenir
dans tous les ſens, & de toutes les manieres,
la proie des excès libidineux auxquels nous
allons nous abandonner tous les quatre avec vous…
Deshabille-toi donc, Catin, offre ton corps à nos
luxures, qu’il en ſoit ſouillé dans l’inſtant, ou
les traitemens les plus cruels vont te prouver les
riſques qu’une miſérable comme toi court à nous
déſobéir.
Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/197
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 189 )
N 3