tions s’impoſent. Rarement ils ſortent ſans une
ſcène de luxure à laquelle nous ſommes communément
employées toutes les huit. La Doyenne
dirige ces actes libidineux, & la plus entière ſoumiſſion
de notre part y règne ; avant le déjeûner,
il arrive ſouvent qu’un des Révérends pères
fait demander dans ſon lit une de nous ; le frere
geolier apporte une carte où eſt le nom de celle
que l’on veut, le régent de jour l’occupât-il alors,
il n’a pas même le droit de la retenir, elle paſſe, &
revient quand on la renvoie. Cette premiere cérémonie
finie, nous déjeûnons ; de ce moment juſqu’au
ſoir nous n’avons plus rien à faire ; mais à ſept
heures en été, à ſix en hiver, on vient chercher
celles qui ont été nommées ; le frere geolier les
conduit lui-même, & après le ſouper celles qui
ne ſont pas retenues pour la nuit reviennent au
ſérail. Souvent aucune ne reſte, ce ſont de nouvelles
que l’on envoie prendre pour la nuit ; &
on les prévient également, pluſieurs heures à
l’avance, du coſtume où il faut qu’elles ſe rendent ;
quelquefois il n’y a que la fille de garde qui couche.
— La fille de garde, interrompis-je, quel
eſt donc ce nouvel emploi ? Le voici, me répondit
mon hiſtorienne.
« Tous les premiers des mois, chaque Moine adopte une fille qui doit pendant cet intervalle lui tenir lieu & de ſervante & de plaſtron à ſes indignes déſirs ; les Doyennes ſeules ſont excep-