plit bien mieux ſes devoirs envers nous. — Mais,
Monſieur, je vous ai dit ma naiſſance, elle n’eſt
point abjecte. — Oui, oui, je connais tout cela,
on ſe fait toujours paſſer pour tout plein de choſes
quand on n’eſt rien, ou dans la misere. Il faut
bien que les illuſions de l’orgueil viennent conſoler
des torts de la fortune, c’eſt enſuite à nous
de croire ce qui nous plaît de ces naiſſances abattues
par les coups du ſort ; tout cela m’eſt égal,
au reſte, je vous trouve ſous l’air, & à-peu-près
ſous le coſtume d’une ſervante, je vous prendrai
donc ſur ce pied, ſi vous le trouvez bon. Cependant,
continua cet homme dur, il ne tient
qu’à vous d’être heureuſe ; de la patience, de la
diſcrétion, & dans quelques années je vous renverrai
d’ici, en état de vous paſſer du ſervice.
Alors il prit mes bras l’un après l’autre, & retrouvant mes manches juſqu’au coude, il les examina avec attention en me demandant combien de fois j’avais été ſaignée ? — Deux fois, Monſieur, lui dis-je, aſſez ſurpriſe de cette queſtion, & je lui en citai les époques en le remettant aux circonſtances de ma vie où cela avait eu lieu. Il appuie ſes doigts ſur les veines comme lorſqu’on veut les gonfler pour procéder à cette opération, & quand elles ſont au point où il les déſire, il y applique ſa bouche en les ſuçant. Dès-lors je ne doutai plus que le libertinage ne ſe mêlât encore aux procédés de ce vilain homme, & les