l’encens allumé pour moi. Quand les jeunes-gens
ont fini, il ſe colle ſur mes reins, & ſemble
vouloir les remplacer — Efforts ſuperflus, s’écrie-t-il…
ce n’eſt pas là ce qu’il me faut… au
fait… au fait… quelque piteux que paraiſſe mon
état… je n’y tiens plus… allons, Comteſſe, vos
bras ! Il la ſaiſit alors avec férocité, il la place
comme il avait fait de moi, les bras ſoutenus au
plancher par deux rubans noirs : je ſuis chargée
du ſoin de poſer les bandes ; il viſite les ligatures :
ne les trouvant pas aſſez comprimées, il
les reſſerre, afin, dit-il, que le ſang ſorte avec
plus de force : il tâte les veines, & les pique
toutes deux preſqu’en même-temps. Le ſang jaillit
très-loin : il s’extaſie ; & retournant ſe placer en
face, pendant que ces deux fontaines coulent, il
me fait mettre à genoux entre ſes jambes, afin que
je le ſuce ; il en fait autant à chacun de ſes gitons,
tour-à-tour, ſans ceſſer de porter ſes yeux ſur
ces jets ce ſang qui l’enflamment. Pour moi, ſûre
que l’inſtant où la criſe qu’il eſpere aura lieu,
ſera l’époque de la ceſſation des tourmens de la
Comteſſe, je mets tous mes ſoins à déterminer
cette criſe, & je deviens, ainſi que vous le
voyez, Madame, catin par bienfaiſance, & libertine
par vertu. Il arrive enfin ce dénouement
ſi attendu, je n’en connaiſſais ni les dangers ni la
violence ; la derniere fois qu’il avait eu lieu, j’étais
évanouie… Oh ! Madame, quel égarement ! Ger-
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