individus, ce ne fut plus la force physique qui
détermina les rangs, ce fut celle de l’or ; l’homme
le plus riche devint le plus fort, le plus pauvre
devint le plus faible ; à cela près des motifs qui
fondaient la puiſſance, la priorité du fort fut
toujours dans les lois de la Nature, à qui il
devenait égal que la chaîne qui captivait le faible
fût tenue par le plus riche ou par le plus
vigoureux, & qu’elle écraſât le plus faible ou
bien le plus pauvre ; mais ces mouvemens de reconnaiſſance
dont tu veux me compoſer des liens,
elle les méconnaît, Théreſe ; il ne fut jamais dans
ſes loix que le plaiſir où l’un ſe livrait en obligeant,
devint un motif pour celui qui recevait,
de ſe relâcher de ſes droits ſur l’autre : vois-tu
chez les animaux qui nous ſervent d’exemples,
ces ſentimens que tu réclames ? Lorſque je te
domine par mes richeſſes ou par ma force, eſt-il
naturel que je t’abandonne mes droits, ou parce
que tu as joui en m’obligeant, ou parce qu’étant
malheureuſe tu t’es imaginée de gagner quelque
choſe par ton procédé ? Le ſervice fût-il même
rendu d’égal à égal, jamais l’orgueil d’une ame
élevée ne ſe laiſſera courber par la reconnaiſſance ;
n’eſt-il pas toujours humilié celui qui
reçoit ? Et cette humiliation qu’il éprouve ne paye-t-elle
pas ſuffiſamment le bienfaiteur, qui par
cela ſeul, ſe trouve au-deſſus de l’autre ? N’eſt-ce
pas une jouiſſance pour l’orgueil, que de s’é-
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