auſſi confondue de ſa fourberie, que révoltée
de ſon inſolence & de ſon libertinage.
Quoi qu’il en fût, mon état était trop horrible pour ne pas faire uſage de tout ; je me reſſouvins de M. de Saint-Florent : il m’était impoſſible de croire que cet homme pût me méſeſtimer par rapport à la conduite que j’avais obſervée avec lui ; je lui avais rendu autrefois un ſervice aſſez important, il m’avait traitée d’une maniere aſſez cruelle, pour imaginer qu’il ne refuſerait pas & de réparer ſes torts envers moi dans une circonſtance auſſi eſſentielle, & de reconnaître, en ce qu’il pourrait, au moins ce que j’avais fait de ſi honnête pour lui ; le feu des paſſions pouvait l’avoir aveuglé aux deux époques où je l’avais connu ; ſes horreurs avaient une ſorte d’excuſe, mais dans ce cas-ci nul ſentiment ne devait, ſelon moi, l’empêcher de me ſecourir… Me renouvellerait-il ſes dernieres propoſitions ? mettrait-il les ſecours que j’allais exiger de lui au prix des affreux ſervices qu’il m’avait expliqués ? eh bien ! j’accepterais, & une fois libre, je trouverais bien le moyen de me ſouſtraire au genre de vie abominable auquel il aurait eu la baſſeſſe de m’engager. Pleine de ces réflexions, je lui écris, je lui peins mes malheurs, je le ſupplie de me venir voir ; mais je n’avais pas aſſez réfléchi ſur l’ame de cet homme, quand j’avais ſoupçonné la bienfaiſance capable d’y pénétrer ; je