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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/150

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LA MARQUISE DE GANGE

de superbes cheveux, dont une partie s’enlace autour de la plus belle taille du monde ; cette vérité qu’exhale l’organe le plus doux ; une de ses belles mains élevée vers le ciel, serrant de l’autre celles de son mari, cette noble douleur dont l’injustice accable une âme fière qui ne s’abaisse point à se justifier : tout… tout effaçant dans cette femme angélique ce qu’il peut y avoir de terrestre, ne la présente plus aux yeux des mortels que comme la divinité de l’innocence et de la vertu.

Quand Alphonse sentit ses mains inondées des larmes de celle qu’il avait idolâtrée, il frissonna ; désirant étouffer… dissimuler au moins cet élan de sensibilité auquel il cédait malgré lui, il se lève, parcourt la chambre en insensé, raffermit son âme, qu’allaient entraîner l’amour et le repentir ; puis relevant sa femme avec violence : — Suivez-moi, madame, lui dit-il, vous avez perdu le droit de m’abuser ; il vous devient impossible de m’en imposer plus longtemps.

À ces mots, il ouvre la porte du cabinet où se trouve l’escalier qui conduit à la tour des archives : — Suivez-moi, vous dis-je, je vais vous établir dans un logement qui vous convient mieux que celui-ci : l’appartement de la marquise de Gange ne peut plus être celui de la femme adultère ; il faut que le crime, image de la mort, s’enfouisse dans les mêmes ténèbres.

Euphrasie, dont ce redoublement de cruauté