Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
LA MARQUISE DE GANGE

phrasie. — Ma chère sœur, lui dit-il en entrant, je suis vivement affecté de votre situation ; vous voyez où nous conduit une imprudence ; je suis bien persuadé qu’il n’y a que cela. Alphonse n’eut-il donc pas le même tort que vous à Beaucaire ? Il n’était pourtant pas plus coupable que vous ne l’êtes ici : et qui peut dans sa vie se garantir d’une imprudence ? Ce qui me désespère, c’est de ne pouvoir adoucir votre sort ; il m’a laissé des ordres si précis ! Il voulait même vous placer dans le souterrain humide qui sert de cave à cette tour. C’est à mes pressantes sollicitations que vous devez d’être plus sainement. Mais que vois-je ! Un lit sans rideaux, de mauvais matelas, et pas même un fauteuil ! Ces misères-là dépendent de moi, et vous allez les avoir à l’instant. Je ne suis malheureusement pas le maître du reste ; mais mon frère s’adoucira, croyez-le ; nous finirons par le convaincre ; ayez en moi quelque confiance, et vous vous apercevrez bientôt de l’efficacité de mes soins. — Mon époux n’est donc plus dans le château ? — Il a craint les suites de ce duel ; Avignon lui servira d’asile pendant quelque temps, et vous verrez que tout se rétablira. — Oh ! ciel ! mon mari court donc des dangers, et j’en serais la cause ! Dieu juste ! fais retomber sur moi toute ta colère, et préserves-en mon époux. — Quelle âme que la vôtre, Euphrasie ! Quoi ! vous