Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LA MARQUISE DE GANGE

« Avignon, ce 25 janvier 1665.

« Un très grand changement survenu dans les affaires va nous contraindre à changer aussi nos plans. Tous les motifs de la détention de ma femme et de ma belle-mère disparaissent devant l’affaire majeure dont je vais te rendre compte.

« Monsieur de Nochères, mort depuis trois jours, laisse à ma femme l’immense fortune dont il jouissait. Une plus longue suite de mauvais procédés envers Euphrasie lui feraient faire, au sujet de cette succession, quelques arrangements d’autant plus désagréables pour nous qu’il s’écoulera vingt ans d’ici à ce que son fils soit maître de cette succession. Nous serions donc, si elle agissait contre nous, privés vingt ans de la tutelle, et par conséquent de la jouissance des biens du mineur. Il y aurait bien une façon d’avoir tout… Tu la devines… Et le chevalier de Gange, qui est venu ici en arrivant de son corps, me la conseille vivement ; mais j’ai aimé cette femme, j’ai chéri sa mère… Je ne suis pas d’ailleurs aussi fort que vous, mes amis, sur tous ces partis machiavéliques, et dont l’antique Rome et la moderne Florence nous donnent aujourd’hui tant d’exemples… Je ne t’en dis pas davantage : le chevalier assure que tu devines, et que tu es capable de l’exécution.