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LA MARQUISE DE GANGE

qui l’accompagnaient, si l’homme du jour dit avec. un sot orgueil à ceux qui viennent l’admirer : Regardez ces tableaux ; c’est l’École d’Athènes, c’est l’Amour enchaînant les Grâces, etc… moi, je me contenterai de vous dire, en vous embrassant : Chers amis, voilà mes aïeux ; je sais qu’ils rendirent heureux vos pères, et vous m’aimerez à cause d’eux.

Cette majestueuse galerie, simplement décorée, comme on vient de le voir, aboutissait, dans sa partie méridionale, à l’appartement destiné à madame de Gange ; par l’autre, à la chapelle du château… asile mystérieux, simplement éclairé par une coupole, et qui faisait naître, en jetant les yeux sur la pièce qui lui était opposée, l’idée consolante et juste que l’Être saint que venaient dans celle-ci révérer les mortels ne pouvait être qu’auprès de son plus bel ouvrage. Peu d’ornements, peu de reliques, mais l’effigie sacrée de ce Dieu bon, qui s’immola pour sauver les hommes, élevée au milieu de quatre candélabres d’argent entrelacés de vases de fleurs, l’image de sa mère au-dessus de lui. Et comment Alphonse s’y était-il pris, pour ranimer le culte de cette sainte femme dans l’âme de ceux qui assistaient au divin sacrifice ? Il avait envoyé de Paris le portrait d’Euphrasie, et c’était ce portrait, c’était celui de la mère des pauvres, que venaient adorer ceux qui croyaient y trouver celle d’une divinité.

Quand la pieuse madame de Gange s’aperçut