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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/81

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LA MARQUISE DE GANGE

suites. Si le marquis s’aperçoit de quelque chose, et qu’il vous adresse des reproches, alors vous lui prescrirez des conditions, et il vous immolera tout, pendant que vous n’aurez rien à lui sacrifier.

— Hé bien ! je consens, dit madame de Gange dans le plus grand trouble… Oh ! mon Dieu ! soutiens-moi… guide mes pas tremblants dans cette périlleuse carrière, où je ne puis m’empêcher de voir un crime, et dans laquelle je ne me plonge que pour en prévenir un plus grand.

Le perfide abbé embrasse Euphrasie ; il essuie ses pleurs, il la calme, et tout se conclue… Malheureux et sanglant traité dans lequel l’infortunée marquise est loin d’entrevoir les malheurs qui doivent en sceller l’exécution.

Quoi qu’il en fût, on décida que le comte de Villefranche rendrait à madame de Gange des soins désintéressés ; que, supposé qu’il fût encore plus initié dans les mystères de ce pacte dangereux, il jurerait de ne s’en prévaloir jamais, et qu’Euphrasie, de son côté, se conduirait avec son époux comme elle avait toujours fait ; qu’elle s’abstiendrait surtout de tout reproche, et n’entrerait jamais dans aucun éclaircissement.