Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/82

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CHAPITRE IV


Théodore sentit que, ses premières démarches pouvant lui faire courir quelques dangers, il était essentiel d’entamer promptement les secondes ; et, dès le lendemain matin, il fut trouver le marquis dans son appartement.

— Je suis bien aise que tu me préviennes, mon cher abbé, lui dit Alphonse, j’ai quelque chose à te communiquer, qui pèse infiniment sur mon cœur. — Comment ne me l’as-tu pas déjà dit ? répond Théodore ; as-tu donc dans le monde un ami plus sincère que moi ? — Je ne l’imagine pas, dit Alphonse ; c’est pourquoi je vais m’ouvrir avec confiance. Jusqu’à ce moment-ci, mon cher, je me suis cru l’époux le plus heureux, le plus tranquille, et je crains maintenant que mon bonheur ne soit troublé. — Et pourquoi cette crainte ? — Quelle raison put causer un évanouissement à ma femme, lors de notre promenade d’avant-hier ? Pourquoi Villefranche, que je croyais avec toi, se