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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/147

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compromettait les jours de cet homme ; or, je demande si elle ne faisait pas un beaucoup plus grand mal, en risquant ainsi les jours de ce malheureux, qu’en les assurant par sa complaisance ; Justine décida la question en dévote ; nous aurions prononcé en moraliste ; c’est à nos lecteurs à nous dire maintenant lequel vaut mieux en société, ou d’une religion qui nous fait, malgré tout, préférer nos intérêts à ceux des autres, ou d’une morale qui nous ordonne tous les sacrifices, dès qu’il s’agit d’être utile aux hommes ?

Quoi qu’il en soit, nos fripons, remplis d’une trop grande confiance, mangent, boivent et s’endorment, laissant leur prisonnier au milieu d’eux, et Justine, en pleine liberté près de la Dubois, qui, ivre comme le reste de la troupe, ferma bientôt également les yeux.

Saisissant alors avec vivacité, le premier moment de sommeil de ces scélérats, monsieur, dit Justine au voyageur, la plus affreuse catastrophe m’a jetée parmi ces gens-ci ; je déteste, et eux et l’instant fatal qui m’a conduit dans leur troupe ; je n’ai vraisemblablement pas l’honneur de vous appartenir, continua Justine, en disant le nom de son père,