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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/148

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car voilà qui |e suis, mais… Quoi ! mademoiselle, interrompit Saint-Florent… quoi ! c’est-là votre nom. — Oui. — Ah ! c’est donc le ciel qui vous a suggéré cette ruse… Vous ne vous êtes point trompée, Justine, vous êtes ma nièce ; ma première femme, celle que je perdis, il y a cinq ans, était la sœur de votre père. Oh ! combien je me félicite de l’heureux hasard qui nous réunit ! Si j’avais connu vos malheurs, avec quel empressement je les aurais réparés. Monsieur, monsieur, répond Justine avec vivacité, que de motifs de me savoir gré à moi-même de ce que j’entreprends pour vous ! oh ! monsieur, profitons du moment où ces monstres reposent, et sauvons-nous ; elle apperçoit, en disant cela, le portefeuille de son oncle, imprudemment laissé dans la poche de l’un de ces scélérats, elle saute dessus, l’emporte… partons, monsieur, dit-elle à Saint-Florent ; renonçons au reste ; nous ne l’enleverions pas sans danger ; oh ! mon cher oncle, je me remets maintenant en vos mains, prenez pitié de mon sort ; devenez le protecteur de mon innocence ; je me livre à vous ; sauvons-nous.

On rendrait mal l’état dans lequel se trouvait Saint-Florent ; l’agitation que produisait