Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/154

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tures ; et celle-ci l’ayant satisfait, termina son récit, en témoignant à son oncle l’inquiétude que lui donnait le projet de rentrer dans Paris. Eh bien, répondit le négociant, tout peut s’arranger ; j’ai près d’ici une parente que nous irons voir ; je vous présenterai à elle, je la supplierai de vous garder jusqu’à ce que j’aie eu le tems d’arranger moi-même votre affaire ; c’est la plus honnête femme du monde, et vous serez là comme chez une mère ; elle habite une campagne charmante auprès de Bondi ; il est de bonne heure… le plus beau tems possible ; êtes-vous en train de marcher ? — Oui, monsieur. — Partons, Justine, partons. Ce qui peut vous peindre ma reconnaissance est un besoin si pressant de mon cœur, que tout retard à l’exécution devient un supplice pour moi. Justine, émue, se jette dans les bras de Saint-Florent. Oh ! mon oncle, lui dit-elle en larmes, que votre ame est sensible, et combien la mienne y répond !… Le monstre a la cruauté de voir la pudeur dans son sein exhaler les plus tendres expressions de la reconnaissance sur un cœur endurci par le crime, et qui ne palpite que de lubricité, sous les douces caresses de l’innocence et de la vertu noyée de larmes.