Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/155

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Une légère circonstance, que nous croyons ne devoir point oublier, afin de mettre nos lecteurs à même de mieux juger le personnage, eut dévoilé sans doute Saint-Florent aux yeux de sa nièce, si celle-ci, moins confiante, eut jeté sur son oncle un regard plus philosophique ; mais la vertu paisible et douce est toujours loin de soupçonner le crime, Justine, au sortir de table, eut besoin de passer dans un cabinet d’aisance ; elle y entra, sans trop remarquer d’abord que Saint-Florent la suivait, et s’établissait lui-même dans une loge voisine, de laquelle, en montant, comme le fit Saint-Florent, sur le siège, on découvrait en plein tout ce qui se passait dans celle où s’était mise Justine, qui, ne se doutant de rien, s’offrit aux regards furtifs de ce libertin, dans cet état d’abandon et de nudité où l’on se met pour de tels besoins. Les plus belles fesses du monde furent donc une seconde fois offertes à Saint-Florent, qui acheva là de s’irriter et de comploter avec acharnement contre l’innocence et la pudeur de cette intéressante créature. Justine crut s’appercevoir de quelque chose ; elle rentra précipitamment, sans pouvoir s’empêcher de témoigner un peu de surprise ; Saint-Florent se