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une faiblesse aux autres ; et, par ce rigorisme outré, loin d’attirer la tendresse de son fils, elle l’avait, pour ainsi dire repoussé de son sein. Bressac avait bien des torts, nous en convenons ; mais où l’indulgence érigera-t-elle son temple, si ce n’est dans le cœur d’une mère ? Veuve depuis deux ans du père de ce jeune homme, madame de Bressac possédait cent mille écus de rente, qui, réunis à plus du double provenant de la fortune du père, assurait un jour, comme on voit, près d’un million de revenu annuel au scélérat dont il s’agit. Malgré d’aussi grandes espérances, madame de Bressac donnait peu à son fils ; une pension de vingt-cinq mille francs pouvait-elle suffire à payer ses plaisirs ? Rien d’aussi cher que ce genre de volupté ; les hommes, On en convient, coûtent moins que les femmes ; mais les lubricités que l’on goûte avec eux, se renouvellent bien plus souvent ; on est bien plus foutu que l’on ne fout.

Rien n’avait pu déterminer le jeune Bressac au service ; tout ce qui l’écartait de son libertinage, était si insupportable à ses yeux, qu’il ne pouvait en adopter la chaîne.

Madame de Bressac habitait, trois mois de l’année, cette terre où Justine la trouva ; elle