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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/295

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traiter ce jeune garçon. Les filles, au moyen de cette précaution, ne sont point déshonorées, poursuivit Rosalie, point de grossesse à craindre, et rien dès-lors ne peut les empêcher de trouver des époux. Il n’y a point d’années où il ne jouisse ainsi de plus de la moitié des garçons ou des filles. O Justine ! poursuivit cette chère enfant en se précipitant dans les bras de son amie, et moi-même j’ai été victime de son libertinage ; à sept ans il m’avait violée, et presque tous les jours depuis… Mais, interrompit Justine, depuis que tu as atteint un âge plus mur, la religion t’offrait un recours, que ne consultais-tu un directeur ? Hélas ! Ignores-tu donc, reprit vivement Rosalie, qu’il étouffe dans nous toutes les semences de religion, à mesure qu’il nous pervertit, et qu’il nous en défend tous les actes. D’ailleurs, j’ignore ma religion ; à peine m’en a-t-il instruit. Le peu qu’il m’a dit sur ces matières n’a jamais été que dans la crainte que mon ignorance ne trahît son impiété ; mais je n’ai jamais été à confesse, je n’ai jamais fait ma première communion. Il jette un si grand ridicule sur toutes ces choses, il en absorbe si bien dans nous jusqu’aux moindres idées, qu’il éloigne