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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/296

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à jamais de ces devoirs celles dont il a joui ; ou, si elles sont contraintes à les remplir, à cause de leur famille, c’est avec une tiédeur, une indifférence, un mépris tel qu’il ne redoute rien de leurs indiscrétions avec les confesseurs. Quelquefois il réunit les jeunes personnes de l’un et l’autre sexe dont il est sûr ; et là, il leur fait des conférences, dont le but est d’anéantir totalement en elles tous les germes de religion et toutes les semences de vertu. Mais il en est qui ne participent jamais à ces faveurs, soit à cause de leur trop de faiblesse, ou de leur ridicule attachement aux préjugés dont leur famille les empoisonne. Que de prudence, dit Justine ! Il en faut, répondit Rosalie, pour maintenir le calme qu’il veut goûter au milieu des orages qui doivent nécessairement s’élever sans cesse sur l’atmosphère d’une route semblable ; et c’est à cette politique étonnante qu’est due la tranquillité dont il jouit depuis dix ans.

Viens Justine, dit Rosalie quelques jours après cette scène, viens juger par tes propres yeux de tout ce qu’entreprend mon père avec sa sœur, avec moi, sa gouvernante et quelques-uns de ses favoris. Ces horreurs, je l’espère, te convaincront de ce que je t’ai dit ;