Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/297

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elles te prouveront ce que doit souffrir une fille honnête comme moi, à laquelle la nature semble avoir donné de l’horreur pour tout ce à quoi son devoir la soumet. — Son devoir ! Jamais ; dis son malheur. — Hélas ! le cruel me compose des devoirs de mes malheurs, et je serais perdue si je résistais. Pressons-nous, poursuivit Rosalie ; voilà la classe qui se ferme ; c’est l’heure où, échauffé des préliminaires, il va venir se dédommager de la contrainte que lui impose quelquefois sa prudence. Remets-toi où je t’avais placée l’autre jour, et tes yeux vont tout découvrir.

Pour peindre à nos lecteurs la scène libidineuse dont Justine fut témoin, il faut d’abord leur indiquer les acteurs.

Ces personnages étaient Marthe, gouvernante de Rodin, âgée, comme nous l’avons dit, de dix-neuf ans, et jolie comme un ange ; Célestine, sœur du même ; Rosalie sa fille ; un jeune écolier de seize ans, nommé Fierval ; et sa sœur, âgée de quinze ans, que l’on appelait Léonore ; couple enchanteur qui semblait se disputer de grâces, de figure, de taille et d’agrémens. Tous deux se ressemblaient beaucoup, tous deux s’aimaient, et l’on va voir jusqu’à quel degré notre lubrique