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au monde n’avait un si rare talent ; ce malheureux coquin avait tant de méchanceté, tant de taquinerie dans l’esprit, qu’il était impossible qu’une fille tînt aux mauvais propos dont il l’accablait, les larmes coulaient en abondance, et Dubourg heureux, joignait promptement quelques petits supplices matériels à la douleur morale qu’il venait d’exciter ; les pleurs coulaient alors avec plus de violence, et le barbare aux nues, déchargeait, en couvrant de baisers le visage que ses procédés venaient d’inonder.

Avez-vous toujours été sage, dit Dubourg à Justine, pour en venir cette fois à son but ? — Hélas ! monsieur, répondit celle-ci, je ne serais ni aussi pauvre, ni aussi embarassée si j’avais voulu cesser de l’être. — Mais, à quel titre alors prétendez-vous donc que les gens riches vous soulagent, si vous ne les servez en rien ? — Oh ! monsieur, je ne demande pas mieux que de rendre tous les services que la décence et ma jeunesse me permettent de remplir. — Je ne vous parle pas de servir, moi, vous n’êtes ni d’âge ni de tournure à cela, je vous parle d’être utile aux plaisirs des hommes. Cette vertu dont vous faites un si grand étalage, ne sert à rien dans le monde ; vous au-