Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/31

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rez beau fléchir aux pieds de ses autels, son vain encens ne vous nourrira point ; la chose qui flatte le moins les hommes, celle dont ils font le moins de cas, celle qu’ils méprisent le plus souverainement, c’est la sagesse de votre sexe ; on n’estime aujourd’hui, mon enfant, que ce qui rapporte ou ce qui délecte, et de quel profit ou de quelle jouissance peut nous être la vertu des femmes ? Ce sont leurs désordres qui nous plaisent, et qui nous amusent, mais leur chasteté nous ennuie ; quand des gens de notre sorte donnent, ce n’est jamais que pour recevoir ; or, comment une petite fille comme vous, assez laide, assez bête d’ailleurs, peut-elle reconnaître ce qu’on fait pour elle, si ce n’est par l’abandon entier de son corps ? Allons, troussez-vous si vous voulez que je vous donne de l’argent, et Dubourg allongeait son bras pour saisir Justine et la placer entre ses jambes ; mais l’intéressante créature se retirant, oh ! monsieur, s’écria-t-elle en larmes, il n’y a donc plus ni probité ni bienfaisance chez les hommes ? Ma foi, très-peu, répond Dubourg, dont les mouvemens masturbatifs redoublaient en raison des pleurs que faisaient couler ses propos, fort peu en vérité ; on est revenu de