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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/313

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que j’exige de toi ; il se passe ici beaucoup de choses qui contrarieront tes principes ; il faut tout voir et tout entendre, sans te permettre même une réflexion… Oh ! oui oui, Justine, poursuivit chaleureusement Rodin, à ces conditions ne me quitte jamais ; au sein des vices multipliés où m’emporte un tempérament de feu… un cœur très-gangrené, j’aurai du moins la consolation de posséder un être vertueux près de moi, et dans les bras duquel je me jetterai comme aux pieds d’un Dieu, quand je serai rassasié de mes débauches. Eh bien ! pensa Justine en ce moment, la vertu est donc nécessaire, elle est donc indispensable à l’homme, puisque le vicieux lui-même est obligé de se rassurer par elle ; et notre aimable fille se rappelant alors les instances que Rosalie lui avait faites pour ne la point quitter… croyant reconnaître quelques bons principes dans Rodin, s’engagea décidément avec lui ; Justine, lui dit Rodin, c’est bien décidément auprès de ma fille que je vais te placer à présent ; tu n’auras rien à démêler avec mes autres femmes, et je te donne quatre cents livres d’appointemens.

Une telle place devenait une fortune dans la position de notre malheureuse orpheline.