Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/314

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Enflammée du desir de ramener Rosalie au bien, et peut-être même son père, si elle acquérait quelqu’empire sur lui, elle ne se repentit point de ce qu’elle venait de faire. Rodin la présente à sa fille. Rosalie, lui dit-il, je n’avais jusqu’à ce moment qu’un desir vague de lier éternellement Justine à toi, cette intention fait aujourd’hui le charme et la consolation de ma vie ; daigne accepter ce présent de ma main : les deux jeunes filles s’embrassent, et voilà Justine instalée.

Il ne se passa pas huit jours sans que cette sage et vertueuse fille ne commençât à travailler aux conversions qu’elle desirait ; mais l’endurcissement de Rodin rompait toutes ses mesures.

« Ne crois pas, répondait-il un jour aux sages conseils de cette vertueuse créature, que l’espèce d’hommage que j’offre à la vertu, dans toi, soit une preuve, ou que j’estime la vertu, ou que j’aie envie de la préférer au vice ; non Justine, ne l’imagines pas, tu t’abuserais. Ceux qui, partant de mon procédé pour toi, soutiendraient, d’après lui, qu’il prouve, ou l’importance ou la nécessité de la vertu, tomberaient dans une grande erreur ; et je serais bien fâché que tu crusses que telle