Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/322

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sans doute, une jouissance ; le mépris des sots en est une pour le philosophe ; il est délicieux de braver l’opinion publique ; et le comble de la sagesse, sans doute, est de la réduire au silence. On nous vante l’estime générale, et que gagne-t-on, je vous prie, à être estimé des autres ? Ce sentiment coûte à l’homme ; il offense l’orgueil ; j’aimerai quelquefois celui que je méprise ; jamais celui que je révère ; ce dernier aura toujours un grand nombre d’ennemis, quand on prendra à peine garde à l’autre ; ne balançons donc point entre deux modes, dont l’un, la vertu, ne conduit qu’à l’inaction la plus stupide et la plus monotone, et l’autre, le vice, à tout ce que l’homme peut espérer de plus délicieux sur la terre.

Telle était la logique infernale des malheureuses passions de Rodin ; l’éloquence douce et naturelle de Justine n’en pouvait sapper les sophismes : mais Rosalie, plus douce et moins corrompue, Rosalie détestant les horreurs auxquelles on la soumettait, se livrait plus facilement aux conseils prudens de son amie. Cette sage directrice desirait avec ardeur faire remplir à son élève les premiers devoirs de la religion ; il aurait fallu pour cela mettre un prêtre dans la confidence, et