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Rodin n’en voulait aucun dans sa maison ; il les détestait tous aussi cordialement que le culte qu’ils professaient ; pour rien au monde il n’en eut souffert un près de sa fille. Conduire cette jeune personne à un confesseur, était également impossible ; Rodin ne laissait jamais sortir Rosalie sans qu’elle fût accompagnée : il fallait donc attendre que quelque occasion se présentât ; et, pendant ce délai, Justine instruisait toujours son élève ; en lui donnant le goût des vertus, elle lui inspirait celui de la religion ; elle lui en expliquait les dogmes, elle lui en dévoilait les mystères, et liait tellement ces deux sentimens dans son jeune cœur, qu’elle les rendaient indispensables au bonheur de sa vie.

O mademoiselle ! lui disait-elle un jour, recueillant les larmes de sa componction, l’homme peut-il s’aveugler au point de croire qu’il ne soit pas destiné à une meilleure fin ? ne suffit-il pas qu’il ait été doué du pouvoir et de la faculté de connaître son Dieu, pour s’assurer que ces dons ne lui ont été accordés que pour remplir les devoirs qu’ils imposent ? Or, qu’y a-t-il au monde de plus capable de plaire à l’Éternel, si ce n’est la vertu dont lui-même est l’exemple ? Le créateur de