Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/324

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tant de merveilles peut-il avoir d’autres loix que le bien ? et nos cœurs pourraient-ils lui plaire, si la bonté, la bienfaisance et la sagesse n’en étaient pas les premiers élémens ? Il me semble, poursuivait la crédule orpheline, qu’avec les ames sensibles il ne faudrait jamais employer d’autres motifs d’amour envers cet Être-Suprême, que ceux qu’inspire la reconnaissance. N’est-ce pas une faveur que de nous avoir fait jouir des beautés de cet univers ? et ne lui devons-nous pas quelque gratitude pour un tel bienfait ? Mais une raison, plus forte encore, établit, constate la chaîne universelle de nos devoirs : pourquoi refuserions-nous de remplir ceux qu’exige sa loi, puisque ce sont les mêmes que ceux qui consolident notre bonheur avec les hommes ? N’est-il pas doux de sentir qu’on se rend agréable à l’Être-Suprême, rien qu’en se livrant aux vertus qui doivent contribuer à notre félicité sur la terre, et que les moyens qui nous rendent propres à vivre avec nos semblables, sont les mêmes que ceux qui nous donnent, après cette vie, l’assurance de renaître au sein de l’Éternel ? Ah ! Rosalie, comme ils s’aveuglent ceux qui voudraient nous ravir cet espoir ! Séduits, trompés par