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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/33

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à quoi bon laisser vivre des créatures comme vous, qui ne pouvant plus compter sur les secours de leurs parens, ou parce qu’ils en sont privés, ou parce qu’ils n’en sont pas reconnus, ne servent plus dès-lors qu’à surcharger l’état d’une denrée dont il regorge. Les bâtards, les orphelins, les enfans mal constitués, devraient être condamnés à la mort dès leur naissance ; les premiers et les seconds, parce que n’ayant plus personne qui veuille ou qui puisse prendre soin d’eux, ils souillent la société d’une lie qui ne peut que lui devenir funeste un jour ; et les troisièmes, parce qu’ils ne peuvent lui être d’aucune utilité ; l’une et l’autre de ces classes sont à la société comme ces excroissances de chair qui, se nourrissant du suc des membres sains, les dégradent et les affaiblissent ; ou, si vous l’aimez mieux, comme ces végétaux parasites qui, se liant aux bonnes plantes, les détériorent et les rongent en s’adaptant leurs substances nourricières ; abus crians que ces aumônes destinées à alimenter une telle écume… que ces maisons richement dotées, qu’on a l’extravagance de leur bâtir, comme si l’espèce des hommes était tellement rare… tellement précieuse, qu’il en fallut conserver jusqu’à