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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/331

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Ah ! Justine, quelle triste jouissance ! et que celle qui ne se rend heureuse que par de telles chimères, est au-dessous de l’être charmant qui ne trouve sa félicité que dans le sein du libertinage : goûte, goûte un instant ces plaisirs contre lesquels tes préjugés se révoltent, et tu ne voudras plus exister que pour eux seuls. Mon frère t’adore, il fera tout pour toi ; oublies-tu ce qu’il a déjà fait ? le premier devoir d’une ame sensible n’est-il pas la reconnaissance ? tu y manques à ce devoir sacré, tu y manques, Justine, en résistant à ton bien-faiteur.

Mais rien ne persuadait cette fille angélique, et trouvant dans son honnête cœur des armes pour repousser de telles séductions, elle persistait à n’offrir à ses hôtes que de la résistance et des refus, lorsque ce libertin, persuadé du peu de succès de ses premières démarches, se décide enfin à l’exécution d’une ruse infernale, dont il n’y avait au monde qu’une tête comme la sienne qui pût avoir conçu le projet.

Aidé d’un trou qu’il avait pratiqué dans l’une des cloisons qui entouraient la chambre de Justine, il avait remarqué que dans les grandes chaleurs, cette chère fille aimait à