Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cipes de vertu !… Enlever une fille à son père ! et voilà la récompense des bontés que j’ai eu de ne t’avoir pas poignardé l’autre jour, quand je vis, par tes soins, ma fille aux pieds d’un prêtre ! — J’ai dû faire tout ce que j’ai fait, répond fermement Justine. Quand un père est assez barbare pour vouloir assassiner sa fille, il n’est rien qu’on ne doive entreprendre pour prévenir un pareil forfait. — Bon ? dit Rodin, de l’espionnage et de la séduction… tous les vices les plus dangereux dans une domestique. Montons, montons ; il est très-important de juger cette affaire. Et Rosalie, suivie de Justine, toutes deux traînées par ces scélérats, regagnent l’intérieur de la maison. Célestine, quelles y trouvent presque nue, les reçoit en les accablant d’injures ; Marthe ferme soigneusement toutes les portes, revient se mettre au rang des actrices, et la plus effrayante, la plus abominable, la plus cruelle des scènes se prépare.

Essayons de la peindre. Au défaut de l’énergie, dont elle serait susceptible sous d’autres pinceaux que les nôtres, mettons-y du moins de la vérité.

Commençons par boire, dit Rodin ; je