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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/38

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moi, je vous conjure… Petite insolente, répond brusquement madame Desroches, avant que de me porter de pareilles plaintes, vous devriez connaître ma maison ; apprenez qu’elle est assez bien famée à la police, pour que d’après le seul soupçon que vous venez de me témoigner, je pusse à l’instant vous faire punir, si je voulais. — Soupçon, madame, je n’en ai aucun, ce ne sont point des soupçons que je vous témoigne, ce sont des plaintes que je vous porte, elles sont permises à l’infortune. Oh ! madame, que faut-il que je devienne, après avoir perdu cette unique ressource ? — Ma foi vous deviendrez ce que vous voudrez, cela ne me regarde pas ; il y aurait des moyens de réparer, mais vous ne voulez pas en profiter ; et ce peu de mots acheva de porter le dernier trait de lumières sur un esprit aussi pénétrant que l’était celui de Justine. Mais, madame, je puis servir, répondit cette infortunée toute en pleurs ; il n’est pas dit qu’il ne doive plus rester à la misère d’autre ressource que celle du crime. — Ma foi c’est la seule bonne aujourd’hui : que gagnerez-vous en service ? dix écus par an ; vous entretiendrez-vous avec cela ? Eh ! croyez-moi, ma mie, celles qui servent sont elles-