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mêmes obligées d’avoir recours au libertinage pour se soutenir ; j’en fournis tous les jours de cette espèce ; telle que vous me voyez, je suis, j’ose le dire, une des meilleures maquerelles de Paris ; il n’y a pas de jour où il ne me passe vingt-cinq à trente filles par les mains : aussi, cela me rapporte… Dieu sait ! Je suis sûre qu’il n’y a pas une femme de mon état en France qui fasse aussi joliment ses affaires que moi. Tenez, continua-t-elle, en étalant aux yeux de cette infortunée cinq ou six cens louis, pour presqu’autant de bijoux, et la plus belle armoire de linge et de robes, ce n’est pourtant qu’à ce libertinage qui vous effraye que je dois tout cela. Sacredieu, ma fille, il n’y a que ce métier là aujourd’hui ; allez, croyez-moi, franchissez le pas… et puis, c’est un brave homme que Dubourg, il ne vous dépucellera pas, au moins ; il ne bande plus, comment voudriez-vous qu’il foutît ? Quelques petites claques sur le cul, quelques légers soufflets sur les joues, et si vous vous comportez bien avec lui, je vous ferai connaître d’autres hommes qui, en moins de deux ans, avec l’âge et la figure que vous avez, si vous joignez à cela de la complaisance, vous mettront en état de rouler carosse