Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/40

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à Paris. Je n’ai pas des vues si élevées, madame, répondit Justine, ce n’est point une fortune que je veux, sur-tout s’il me la faut payer au prix de mon honneur. Je ne demande que la vie, et j’offre à celui qui me la donnera tous les services qui pourront dépendre de mon âge, à côté de la reconnaissance la plus vive. Hélas ! madame, puisque vous êtes si riche, daignez compâtir à mon sort ; je n’implore pas le prêt d’une aussi forte somme que celle que j’ai perdu chez vous, donnez-moi seulement un louis, en attendant que je trouve une place ; je vous le rendrai, soyez-en bien sûre, je vous le rendrai sur le premier argent que je gagnerai. Je ne te donnerais seulement pas deux sous, dit madame Desroches, trop aise de voir sa victime, où sa scélératesse venait de la réduire. Non, pas deux sous ; je t’offre les moyens d’en gagner, profites-en, ou à l’hôpital : précisément monsieur Dubourg est un des administrateurs de cette maison, il lui sera facile de t’y faire mettre. Bonjour, ma mie, poursuivit la cruelle Desroches, à une grande et jolie fille qui venait sans doute chercher quelque pratique chez elle ; et pour toi, ma fille, bon soir… de l’argent demain, ou la prison, Eh bien, madame,