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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/42

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de mon ambassade. J’ai réussi ; M, Dubourg, sous la promesse que je lui ai faite de ta soumission, consent à te revoir. — Mais, madame. — Allons, ne fais pas l’enfant, le chocolat est prêt ; suis-moi. Justine descend, l’imprudence est la compagne du malheur, Justine n’écoute que sa misère. Une très-jolie femme d’environ vingt-huit ans, était le tiers avec qui la Desroches faisait déjeuner Justine. Cette femme, pleine d’esprit et de mœurs très-corrompues, aussi riche qu’aimable, aussi adroite que belle, allait bientôt, comme on va le voir, devenir celle que Dubourg employerait avec le plus de fruit pour achever de déterminer notre aimable enfant ; on déjeûne. Voilà une charmante fille, dit madame Delmonse, en vérité je félicite bien sincèrement celui qui sera assez heureux pour la posséder. — Vous êtes bien bonne, madame, reprit tristement Justine. — Allons donc, mon cœur, ne rougissez donc pas ainsi, la pudeur est un enfantillage qu’il faut écarter soigneusement dès qu’on atteint l’âge de raison. Oh ! je vous supplie, madame, dit la Desroches, de former un peu cette petite fille ; elle se croit perdue, parce que je lui rends le service de la procurer à un homme. Ah ! bon Dieu,