Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/213

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après l’avoir vu là, qu’on peut deviner, à coup sûr, le résultat des jets de son exécrable cœur et de ses effrayantes passions.

À l’égard des meurtres produits par la luxure, nous nous rendions très-difficiles sur l’acquiescement à cette sorte de fantaisie : cependant on nous en demandait si souvent la permission, et l’on nous La payait si cher, qu’il nous devint impossible de ne pas établir un tarif pour cette trop ordinaire manie des hommes sanguinaires. Pour mille sequins, il devint permis, dans notre maison, de faire périr, de telle manière que l’on voudrait, soit un jeune garçon, soit une jeune fille. Mais pour jouir de toutes ces extravagances, et pour nous en échauffer la tête, Durand et moi, nous avions ménagé des niches secrètes, d’où nous pouvions, sans être vues, distinguer à merveille tout ce qui se passait dans les boudoirs que nous donnions à nos libertins ; et c’est-là où nous avons fait, l’une et l’autre, un cours complet de tous les plus bisarres rafinemens. Dès que les personnes qui desiraient des objets de libertinage, nous paraissaient mériter la peine d’être observées, nous nous rendions au poste, et là, nous faisant foutre, ou nous faisant