Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/249

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vingtaine de soufflets et de huit ou dix coups de poing ; mais tout cela distribués avec une telle rapidité, que Silvia pût croire qu’elle était assaillie d’une grêle. Cependant sa contenance est ferme, et ses yeux même n’annoncent que du plaisir ; à cet orage succèdent des invectives ; on n’a jamais traitée une femme comme Dorsini traite Silvia. Allons, dit-il, qu’on m’amène des vits ; je veux voir comment cette putain exerce son métier : six beaux fouteurs paraissent ; Silvia nue, les fesses appuyées sur le vit du paillard, lui fait dégorger des engins sur le visage ; il est arrosé de sperme ; on lui en barbouille le nez ; à peine bande-t-il : six nouveaux jeunes gens paraissent ; il leur ordonne de foutre sa putain. Sacre-dieu ! s’écrie-t-il en la voyant s’agiter sous eux, quelle coquine, quel dévergondage !… Oh ! vieille garce, comme le tempéramment te domine ! jure, putain, sacre donc Dieu ; et c’est par mille et mille invectives à l’Éternel que Silvia répond à cette invitation. On ne porta jamais plus loin l’idiôme du blasphême. Cette persuasion au moins me fut restée si Dorsini n’eût encore enchéri sur elle ; pendant ce tems, le coquin se bran-