Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit nous être plus indifférent qu’un être privé de la vie[1] : ainsi vous voilà, vis-à-vis de madame de Donis, dans le cas où vous pouvez très-bien l’offenser, puisque vous ne lui devez rien, et où, en l’offensant, vous n’offensez rien puisqu’elle n’est plus ; il y aurait donc, je vous le répète, la plus affreuse extravagance à vous, de balancer :

  1. Ce serait ici le cas, sans doute, d’examiner l’absurdité révoltante qu’il y a de pleurer un mort ; il faudrait bien plutôt se réjouir, puisqu’en périssant il s’affranchit de toutes les peines de la vie. D’ailleurs, notre chagrin, nos larmes ne peuvent lui servir à rien, et elles nous affectent désagréablement ; il en de même des cérémonies de l’enterrement d’un mort, et du respect que l’on paraît avoir encore pour lui ; tout cela est inutile, superstitieux : on ne doit à un cadavre, que de le mettre dans une bonne terre où il puisse germer promptement, et se métamorphoser avec vîtesse, en ver, en mouche ou en végétaux, ce qui est difficile dans les cimetières ; si l’on veut rendre un dernier service à un mort, c’est de le faire mettre au pied d’un arbre fruitier, ou dans un gras pâturage, c’est tout ce qu’on lui doit ; tout le reste est absurde. Voyez ce qui est dit sur cette matière, tom. 9, pag. 300.