Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mots, il condamnera Charlotte à la mort, ou du moins à la plus affreuse prison. — Oui, mais Charlotte condamnée, révélera ses complices ; elle dira que c’est à nous qu’elle a livré ses trésors. — Sera-t-il présumable que, si c’était nous qui les eussions reçus, ce fussent nous qui envoyassions le billet au roi ? — Présumable ou non Ferdinand fera des recherches. — Tout sera par mes soins enfoui dans notre jardin ; j’irai moi-même parler au roi, si ses soupçons se portent avec violence sur nous ; je le menacerai de révéler le trait horrible de la cocagne d’avant-hier. Ferdinand faible et bête, craindra mes menaces, et il se taira, et puis :

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Il faut risquer quelque chose pour être riche : penses-tu que cinquante on soixante millions ne vaillent pas la peine de quelques frais ? — Mais si nous sommes prises, nous mourrons. — Qu’importe ; la chose du monde que je craigne le moins, est d’être pendue. Ne sais-tu donc pas qu’on décharge en mourant ainsi ; jamais l’échafaud ne m’effraya : si jamais j’y suis condamnée, tu m’y verras