Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/117

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formé ; je manque de sagesse, si je ne l’ai pas prévenu ; il y a une vérité terrible à prononcer ici mais qui, comme vérité cependant, doit être mise au jour, c’est qu’une seule goutte de notre sang vaut mieux que tous les ruisseaux de sang que les autres peuvent verser ; et d’après cela il n’y a jamais à balancer, quand pour conserver cette goutte, nous en ferons couler des torrens, Il est inoui ce qu’on reçoit de toutes les données de l’égoïsme ; et malheureusement pour les philanthropes, l’égoïsme est la plus sainte et la plus sûre des loix de la nature. On aura beau me dire que c’est un vice ; tant que je sentirai ses conseils se graver et tonner au fond de mon ame, je me rendrai à ce mouvement, et je repousserai vos erreurs ; la plupart des élans de la nature étant funestes à la société, il est tout simple qu’elle en ait fait des crimes : mais les loix sociales ont tous les hommes pour objet ; et celles de la nature sont individuelles, et par conséquent préférables ; car la loi faite par les hommes pour tous les hommes peut être erronée, et celle inspirée par la nature au cœur de chaque être individuellement, est décidément une loi certaine. Mes principes, sont durs, je le sais ; leur conséquence dan-